1. Une pièce de théâtre aux champs 1. Une pièce de théâtre aux champs
La pièce « Les Agricoles » dit la force et la douleur mêlées du métier de paysan.
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Ce soir, comme lors des six autres dates proposées par le Théâtre de Villefranche dans des salles des fêtes ou des fermes du Rhône, 150 personnes se pressent pour voir la pièce de Catherine Zambon, Les Agricoles. Le hangar du Gaec de Montchervet, à Amplepuis, est fin prêt : Alain Moreau, directeur du théâtre de Villefranche, est sur place depuis le milieu de l’après-midi avec son équipe pour assurer l’accueil des comédiens puis des spectateurs : « Nous sommes une scène conventionnée par l’État. Nous nous devons d’aller au plus près des spectateurs, y compris en zone rurale. » Le budget de cette initiative atteint 60 000 €. Le prix des places va de 5 à 10 €. « Nous sommes subventionnés par la Région, le département, les communautés de communes. On entend parler des agriculteurs quand cela va mal. Mais sait-on qui ils sont ? », interroge-t-il. « La pièce de Catherine Zambon est un hommage aux paysans, à leur amour des bêtes. Et une reconnaissance du territoire. »
Tout en finesse
À la tombée de la nuit, les trois comédiens se lancent, manipulant des barrières de contention et des bottes de paille, égrenant entre les scènes le nom des vaches : Fauvette, Féline, Fortune. Catherine Zambon a écrit avec finesse, parfois humour, souvent une tendresse non loin des larmes, ses étonnements de citadine en voyage initiatique dans quatre exploitations du Sud-Est. Et les comédiens reprennent avec naturel ces phrases d’éleveurs saisies par l’auteur sur « ce métier que l'on a en soi et qui ne s’apprend pas ». Ils jouent cette agricultrice qui « volerait bien quelques jours de vacances » ; ce marchand de bestiaux qui lance : « Si je te les prends tes bêtes, c’est pour te rendre service ». Catherine Zambon a découvert « qu’un troupeau c’est un pays, une race, un homme »… Mais un jour, hommes et bêtes « qui appartiennent à la même terre » se séparent. La fin de la pièce interroge, avec insistance, sur la mort des bêtes et les abattoirs. Un éleveur assume : « On garde nos larmes pour autre chose. » Détachement pragmatique qui n’empêche pas de confier qu’en partant « mes vaches, je ne les laisserais pas à n’importe qui ». Une réalité complexe restituée aux spectateurs qui s’y reconnaissent et applaudissent.
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